L'allégorie de la poubelle RÉPUBLIQUE D'HAITI SOLIDAIRE SORIN EMMANUEL JULES
Notre vocabulaire s'enrichit régulièrement de nouveaux mots. Tous les ans les maisons d'édition de dictionnaires font une grande publicité autour de nouveaux vocables introduits dans leurs publications. En ce qui nous concerne, faute de capacité d'innover et de renouveler notre propre langue, nous avons l'habitude d'importer des mots d'ailleurs, surtout de l'autre côté de l'Atlantique.
De nouveaux mots pour définir de nouvelles situations
De plus en plus, ces mots inconnus font leur apparition et deviennent usage courant dans les moyens de communication, les uns et les autres se les appropriant selon leur convenance. Le mot « trash » est l'un de ces mots.
Le mot « trash », littéralement « poubelle », est un mot qui a commencé a être utilisé il y a quelques années outre atlantique, non plus uniquement pour se référer aux ordures ménagères et aux dites poubelles, mais pour identifier un certain genre de comportement qui, comme l'expression l'indique, a une forte connotation nauséabonde et répugnante.
Ainsi sont apparues les émissions de télévision « trash » (poubelle), la presse « trash » (poubelle), les artistes « trash » (poubelle), les comportements « trash » (poubelle) et ainsi de suite.
Nous savons qu'un être humain est un catalogue de comportements et d'attitudes en lui-même. Si nous parlons à la noblesse de l'être humain, il répond avec noblesse, si nous parlons à la bassesse de l'être humain, il répond avec bassesse. Lorsque l’on parle à la violence chez l'être humain, il répond avec violence ; quand on parle au cynisme, il répond avec cynisme ; quand on parle à ce qui est sale chez l'être humain, il répond aussi avec de la saleté.
Les medias poubelle parlent aux sentiments les plus bas, les plus grotesques, les plus primaires qu'un être humain puisse avoir à l'intérieur de lui. En s'adressant à eux et en les suscitant, ils ont pour objectif d’établir un lien et une identification avec leurs interlocuteurs. Pour l'exprimer en d'autres mots, en nourrissant la poubelle qui est en toi, je deviens ta source.
Quand les poubelles envahissent la ville, la ville devient de moins en moins fréquentable
Beaucoup ont en mémoire les reportages qui ont été diffusés par les télévisions au sujet des grèves des récoltes de poubelles à Naples en Italie et aussi à Marseille. Durant des semaines d'affilée, les déchets se sont accumulés dans les rues, provoquant des odeurs insupportables, un centre d'attirance pour toute sorte de bestioles indésirables et une révolte croissante chez les habitants de la ville. En Italie, l'affaire a pris une ampleur nationale et a commencé à être traitée au plus haut niveau par les autorités.
On s'inquiétait à l'époque pour la santé publique des habitants pour leur sécurité, pour les effets néfastes sur le tourisme et pour la morale en berne de la population. On a déployé les gros moyens pour résoudre le problème des poubelles. C'est devenu un sujet de discussions, de tractations au niveau national, et on a même fini par envoyer l'armée. Bref, une poubelle à la maison, ça passe ! Mais quand ça déborde dans les rues, cela devient intolérable, impossible à vivre, ça gêne tout le monde ! Il faut déployer les grands moyens.
La course à la poubelle
Certains, faute de se faire remarquer pour leurs capacités ou pour leurs talents, ont cru trouver dans la poubelle la meilleure façon de se faire remarquer. Si un réalisateur a fait un film poubelle, l'autre doit fouiller encore plus bas. Si telle émission de télévision est une vraie poubelle et si les mouches s'y plaisent, alors la mienne doit être encore plus poubelle que la tienne. Et ainsi se crée le microcosme de la poubelle, fréquenté par des gens en manque de notoriété, qui font appel à la bassesse de l'être humain faute de pouvoir faire appel à un vrai talent ; le tout sous le haut patronage des barons de la poubelle.
Ce qui est triste, c'est qu'à force de vivre au milieu des poubelles, ça finit par ne plus déranger. Pendant que j'écris ces lignes, me viennent à la pensée tous ces enfants et adultes qui, notamment en Philippines, passent leurs journées à fouiller dans les poubelles pour essayer d'en retirer leur subsistance. Ce que pour les uns est répugnant et nauséabond, pour eux c’était devenu la norme, leur style de vie. Dans leur cas, s’ils en sont arrivés là, c'est parce que, certainement, ils n'ont pas eu quelqu'un à leurs côtés pour les aider, pour leur dire qu'il était possible de vivre autrement, qu'ils avaient le choix et qu’ils n’étaient pas condamnés à vivre dans les déchets.
N’est-ce pas là une forme d'esclavage ? Si je crois que la poubelle est tout ce qui me reste, alors je me conforme à la poubelle.
C'est ce qui se passe dans notre société occidentale. À force d'être dirigés par des dirigeants poubelles, manipulés par des médias poubelles, de plus en plus de gens commencent à croire que tout ce qui leur reste c'est… la poubelle.
Alors ils se tournent vers les poubelles de cette vie, commencent à penser que la vie c'est ça et rien que ça, et finissent par s'y habituer.
Les poubelles rapportent
Souvent, la gestion des poubelles est faite par des gens douteux. L'une des situations qui a fait surface avec le cas des poubelles à Naples, c'est la gestion qui était faite par des réseaux mafieux. S'il y a des gens qui sont tellement intéressés aux ordures des autres, c'est parce qu'ils en profitent pleinement. Beaucoup de gens ont appris à faire appel aux pulsions primaires pour en tirer de gros profits. Les trafics humains, les réseaux de prostitution ne sont que la face moche d'un nuancier qui commence bien plus acceptablement dans le subconscient d'une société, pour qui la poubellisation devient une habitude. On crée une escalade par marches, par degrés, qui rapporte gros ; tout ça exploité habilement par des gens qui ont une façade très acceptable, mais qui, par le moyen de filières de blanchiment, en profitent pleinement.
On salit l'être humain par des émissions poubelles, medias poubelles, personnalités poubelle, dirigeants poubelles dans un but délibéré de souiller les consciences, de dégrader l'être humain, de le rendre de moins en moins résistant à la saleté. Celui-ci, sali, est de moins en moins gêné par le nauséabond. Le grotesque devient partie de son quotidien, de « l'acceptable », et puis c'est l'escalade. Des gens sans scrupules s'en donnent à cœur joie, détruisant au passage des familles, des enfants, des avenirs, détruisant même la structure personnelle de l'être humain, et cela pour leur profit exclusif.
Bien entendu, il est complètement impossible de chiffrer des « affaires » tellement opaques, cependant on estime à 243 milliards d'euro par an le chiffre d'affaires du trafic de drogues dans le monde, à plus de 100 milliards le chiffre d'affaires de la prostitution et à plus de 100 milliards celui de la pornographie. Et ces chiffres sont très conservateurs. Ils pourraient bien dépasser les 1000 milliards. Avec cet argent on peut irradier la famine de la planète, on peut bâtir des milliers de maisons pour loger les sans-abri, bref !… Où va cet argent ? Quels en sont les réseaux de blanchiment ? Partis politiques ? Clubs sportifs ? Organisations opaques ? Financements dissimulés ? Enrichissements personnels blanchis ? Où est la police ? Où sont les agences de renseignements ? Dirigés par qui ? Amis de qui ? Dans les cercles de qui ? Qui sont les protégés ? Occupons-nous des sardines, les requins sont trop dangereux !...
C'est dans l'intérêt de certains de promouvoir les vedettes poubelles
La bête a toujours eu, a et aura toujours besoin de faux prophètes. Ils sont la face visible, acceptable, du mécanisme. La machine a besoin de tourner, alors on sélectionne les conducteurs. Poubelles à souhait s'il vous plait, de ceux qui en exportent, qui savent les manier, les introduire, les rentabiliser. On met sur le devant de la scène des marionnettes, captives de leurs propres ordures et qui en ont fait un style de vie. Leur valeur consiste uniquement dans leur capacité à les faire passer aux autres, sinon ils deviennent hors circuit. Ils vendent leur âme et le reste au diable, pour une poignée de lentilles, pour un or qui brille éphémèrement, mais ils ne le savent pas… pas encore.
On met des moyens à leur disposition, on parie sur eux, on mise sur leur capacité à polluer ; tant qu'ils le font, on les garde sur le devant de la scène. Si jamais ils s'aperçoivent qu'ils sont dans les rouages d'un mécanisme vicié, bien rodé, s'ils disent quelque chose, s'ils osent ouvrir leur bouche, on s'en débarrasse, on trouve les prochains, et ça continue à tourner.
Tout cela est devenu une grande industrie. La poubellisation des esprits, ça vaut des milliards d'euros, il faut que ça tourne, il faut que ça continue de tourner. Ce n'est pas dans leur intérêt que ça s'arrête, au contraire que ça progresse. Derrière une fausse moralisation de certains personnages plus ou moins publiques, plus ou moins occultes, la vérité c'est que beaucoup en profitent de plus en plus. C'est dans leur intérêt qu'il y ait de plus en plus de drogués, de plus en plus de familles brisées à cause de la pornographie, de la prostitution, qu'il y ait de plus en plus de trafic du genre humain pour grossir l'offre du « marché », et ce n'est pas uniquement un "ov" ou un "ic", derrière les cordillères des Balkans qui va en profiter. Non, ceux-là sont juste les agents de terrain. Ce sont les autres… mais eux, ils sont trop haut, trop protégés, trop inaccessibles pour qu'on en parle.
Quand on sème des ordures on récolte des déchetteries
Si nous voulons résoudre le mal, nous devons nous occuper des racines. Nos journaux sont pleins de faits divers au sujet de crimes, d'actes de barbarie, de gens pervertis. Mais qui a initié cela ? C'est la faute à « pas de chance » diront certains avec leur esprit déjà mi abasourdi, avec une lucidité pompée par l'octroi de leur âme à autrui.
Les marchands d'âmes sont passés par là, et ils ont appris depuis belle lurette comment contourner le peu de défense déjà offerte par des êtres de plus en plus individualisés, donc de plus en plus vulnérables.
Modernité, progrès, évolution, font partie de leurs slogans goebbeliens, dans leur croisade pour ôter toute dignité, tout honneur, toute respectabilité à la vie humaine. En fin de compte, la mafia règne sur les poubelles ! Cependant, la loi de cause à effet nous rappelle qu'il n'y a pas d'effet sans cause. Si notre société devient la société de l'insécurité et de la perversion, c'est tout simplement parce que les gens qui l'influencent ne font que semer du trash, des poubelles et des ordures. Il ne faut pas s'étonner de son état, parce que celui qui sème des ordures récoltera des déchetteries.
Si nous continuons à avoir des dirigeants poubelles, des medias poubelles, des animateurs poubelles, des réalisateurs poubelles, des artistes poubelles, dans quelque temps la France ne sera qu'une énorme déchetterie. Comme à Naples, on aura à craindre pour la santé publique, pour la sécurité des habitants, pour les effets néfastes sur le tourisme et pour la morale en berne de la population.
La France gronde depuis un moment, sauf qu'au lieu de comprendre les gémissements, les grondements de la population, ceux qui ont appris à diriger en lisant des récits semi mythologiques d'un lointain empire romain quelconque, veulent emmener la populace au cirque pour voir leurs dernières innovations abjectes et grotesques… Mais les barbares sont aux portes et personne n'y prête garde.
L'être humain a besoin de récupérer sa dignité
La France a besoin de se réveiller. Nous avons besoin de récupérer la dignité qu'une élite poubelle veut nous dérober. L'être humain a été bâti sur la dignité de la vie. La société s'est améliorée avec la dignification de l'être humain, et la qualité de vie est le résultat de la reconnaissance du droit de tout être humain à la dignité. Il faut savoir dire non, il faut avoir le courage et l'hardiesse de dire stop ! Si vous voulez produire des ordures, allez-y, mais gardez-les chez vous. Arrêtez de les mettre devant la porte des autres, devant les fenêtres des autres, devant leurs yeux. Je veux pouvoir regarder la télévision, sans que mes enfants et moi-même n'en soyons salis. Je veux pouvoir me promener dans les rues, sans que j'aie besoin de dire à des enfants innocents « ne regarde pas ». Je veux pouvoir envoyer mes enfants à l'école sans la crainte que quelqu'un soit en train de les salir avec sa saleté personnelle. Moi, j'ai appris à me défendre, mais certains pas encore, et d’autres ont déjà jeté l'éponge depuis bien longtemps.
Si pour certains la poubelle devient la norme, je suis convaincu que pour la majorité ça continue à sentir mauvais. Je veux pouvoir vivre en sécurité, sachant que les bandits ne sont pas protégés et que les innocents ne sont pas accusés. Je veux pouvoir prier pour mes dirigeants parce qu'ils ont été choisis à cause de leur droiture, à cause des valeurs nobles qu'ils défendent et non pas parce qu'ils sont les plus corrompus d'entre nous. Je veux transmettre à la génération future la notion que la liberté est la valorisation de l'être humain et non pas sa dégradation. Que le progrès c'est une vie meilleure pour tous et non pas le lavage de cerveau par des gens dont le contrôle est devenu une obsession. Je veux pouvoir être fier du pays où je vis parce que c'est un pays qui libère et pas un pays qui opprime, un pays qui encourage et non pas un pays qui casse.
Mais pour ça, il faudra mettre les poubelles à leur place, parce que sinon la question que nous sommes en droit de nous poser, c’est : « Qui vont être les éboueurs ?
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